VOLUME! la revue des musiques populaires lance un nouvel appel à contributions pour un numéro consacré aux clips musicaux.

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Volume ! la revue des musiques populaires lance un nouvel appel à contributions pour un numéro consacré aux clips musicaux.

Argumentaire

Les clips semblent aujourd’hui omniprésents. Ils sont diffusés par une multitude de chaînes de niche, selon divers formats et thématiques, dans une quantité de pays. Ils sont non seulement visibles à la télévision et dans de nombreux espaces publics (parfois même sans son), mais également sur une multitude d’écrans via internet. Les music videos occupent une place prépondérante dans les spectacles vivants et les festivals, et sont devenus objets d’exposition. Les techniques et les codes cinématographiques sont mobilisés pour la réalisation de clips et vice et versa. Certaines réalisations audiovisuelles sont d’ailleurs l’œuvre de musiciennes et de musiciens, tandis que d’autres artistes se servent de clips pour créer de nouveaux morceaux (« youtube-digging »). Les clips n’échappent pas à la censure et aux logiques identitaires et politiques liées à ces formes de représentation. Les mises en image des musiques populaires sont de plus en plus sophistiquées, et les performances de plus en plus poussées et recherchées. Les clips apparaissent comme le nouveau support privilégié pour les musiciens amateurs, et sont de plus en plus prisés par ses différents publics (les derniers clips se veulent interactifs). Aussi, et surtout, le numérique est venu bouleverser l’écosystème du clip : si le vidéoclip représente en quelque sorte l’âge d’or pour les industries discographique et télévisuelle, une nouvelle économie a émergé autour de sa culture. Les majors du disque ont créé leurs propres services d’hébergement de clips (Vevo), au moment où les recettes publicitaires liées aux vidéos musicales générées par les utilisateurs (« Harlem Shake », « Lisztomania » spin-off, etc.) dépassent les revenus générés par les clips officiels. Plus récemment, les albums des artistes les plus populaires sortent sans promotion, chaque chanson étant malgré tout accompagné d’un clip.

Avec l’avènement de MTV et des émissions télévisées spécialisées dans les années 1980 – déjà plus de 200 à cette époque en Europe et aux États-Unis (Lange, 1986) – le clip a d’abord été appréhendé selon des approches qui se veulent postmodernes (Chen, 1986 ; Fiske, 1984, 1986 ; Kaplan, 1988 ; Grossberg, 1988 ; Straw, 1988), puis selon des questionnements critiques (Turner, 1983 ; Hodge, 1984 ; Laing, 1985), esthétiques (Burns, Thompson, 1987), culturels (Lang, 1985 ; Aufderheide, 1986 ; Brown, Fiske, 1987 ; Goodwin, 1992) ou de genre et de race (Brown, Schulze, 1990 ; Walser, 1993 ; McDonald, 1997). Si l’ouvrage collectif Sound and Vision: The Music Video Reader (Frith, Goodwin & Grossberg, 1993) marque une étape importante dans les études sur les vidéoclips, il a été édité à une période où ceux-ci s’envisageaient avant tout comme un outil marketing. Le clip s’inscrivait alors dans le circuit promotionnel d’un nouvel enregistrement sur support physique et sa diffusion précédait les « tours supports ». Cette logique, mise en place par les majors aux USA dans les années 1970 (Banks, 1997), est remise en cause dans le contexte actuel de mutations de la filière musicale (Guibert, Sagot-Duvauroux, 2013). Les analyses sur les clips seraient dorénavant l’un des principaux objets d’études au sein des popular music studies et television studies (Shuker, 2002), à l’image de l’ouvrage coordonné par Roger Beebe et Jason Middleton (2007) qui réunit des chercheurs issus de ces deux champs disciplinaires. Les clips ne représentent-ils pas aujourd’hui le nouveau terrain privilégié pour analyse la culture populaire ? Que dire alors des industries culturelles liées aux clips ? Peut-on faire une économie politique du clip ? Existe-t-il une « culture du clip » ? Quels sont les publics du clip ? Que nous apprennent-ils sur les processus de construction identitaire contemporains ?

L’histoire du clip ne commence pourtant pas avec la création de MTV. Le Phono-Cinéma-Théâtre, présenté lors de l’Exposition Universelle de 1900 à Paris par Henri Lioret et Clément Maurice, permettait déjà une synchronisation manuelle du son et de l’image. Il en était de même pour le chronophone de Léon Gaumont et le phono-cinéthéâtre de Simon Mendel mis au point au même moment. Dès les années 1940, la société Mills-Novelty-Company proposait déjà des soundies – des films musicaux 16 mm – qui mettaient surtout en scène des musiciens de jazz. La société française CAMECA reprendra le principe et mettra au point en 1957 les scopitones. Ces jukebox avec écran intégré participeront largement à la diffusion des musiques yéyé. Mais ne faut-il pas plutôt tenir compte de l’apparition au milieu des années 1920 des talkies (Crafton, 1997)? Ou des recherches d’Oskar Fischinger et du rôle des sound slides ? L’histoire des clips ne remonte-t-elle pas finalement aux illustrated songs de la fin du 19e siècle (Altman, 2007) ?

Dans le monde francophone, peu de recherches se sont intéressées aux clips. Quelques études en anthropologie les ont abordés comme formes de représentation identitaire (Martin, 1992 ; Schulz 2001 ; White, 2012), mais non à partir de terrains locaux. Quelques travaux précurseurs se sont par ailleurs interrogés sur les manières de se différencier dans et avec les clips (Neyrand, 1989 ; Bédard, 1990). Ce sont ensuite principalement des analyses sur le rapport entre le musical et le visuel qui ont prévalu, à partir de considérations historiques et esthétiques (Blanchard, 1984, 1987 ; Sibilla, 2004 ; Wild, 2005 ; Gaudin, 2009, 2011 ; Jullier, Péquignot, 2013a). Plus récemment, l’étude sur la filière du spectacle vivant dans les musiques actuelles (Guibert, Sagot-Duvauroux, 2013) s’est intéressée aux concerts 2.0 et à ses conséquences économiques sur la dissociation du temps et de l’espace dans l’expérience spectatorielle. Ne faudrait-il pas justement s’interroger sur les caractéristiques du clip par rapport au « live augmenté » ? Et si le clip peut être envisagé à l’heure actuelle comme un média à part entière (Gaudin, 2010), il peut également bénéficier de présentations publiques au sein d’institutions culturelles (Pelletier, 1991 ; expostion « Playback » en 2007). Les clips restent-ils de simples artefacts répondant à des logiques économiques indéniables ou sont-ils à considérer comme objets patrimoniaux ? Les music videos sont-elles de l’art ? Quels sont les outils méthodologiques disponibles ou à créer pour appréhender ces œuvres ? Comment envisager les rapports entre musiques et images ? Finalement, comment définir un clip ?

Ce numéro se veut être à la fois un état des lieux des recherches et une ouverture sur des réflexions critiques entre de nombreuses disciplines (études sur les musiques populaires, études culturelles, sociologie de l’art et de la culture, sciences de l’information et de la communication, cinéma, histoire, esthétique, économie, sciences politiques, etc.).

Thèmes

Les propositions d’article peuvent s’inscrire dans l’une des thématiques suivantes, la liste n’étant pas exhaustive :

  • Histoire du clip

  • Economie du clip

  • Les industries culturelles et le clip

  • Clip et internet

  • Les publics du clip

  • Sexe, race et classe dans les clips

  • Clips et censure

  • Culture du clip

  • Les esthétiques du clip

  • Clips et performances

  • Clip et live

  • Clips et innovation

  • Clip et cinéma

  • Patrimonialisation des clips

  • Clips et droits d’auteur

  • Clips dans les espaces publics

  • Clips et enjeux méthodologiques

  • Clips et temporalité

  • Clips et diversité culturelle

  • Clips et international

Soumission des contributions

Les contributions sont à envoyer à Marc Kaiser et à l’équipe de Volume ! aux l’adresses suivantes : et , avant le 30 mars 2015. Elles seront évaluées anonymement, par des experts du champ (cf. le processus éditorial, dans le lien qui suit).

Instructions aux auteurs

Elles devront impérativement suivre les instructions aux auteurs de la revue : http://volume.revues.org/1651